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22 juillet 2025
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Maroc : Chariot relance le projet gazier d’Anchois et ravive les espoirs d’un hub énergétique

Après le retrait d’Energean, la junior britannique Chariot reprend l’exploitation du champ offshore Anchois, estimé à 18 milliards de m³ de gaz. Le projet, recentré et réaliste, pourrait jouer un rôle clé dans la sécurité énergétique du royaume.
C’est une relance inattendue mais stratégique. Le 8 juillet 2025, la société britannique Chariot Limited a annoncé la reprise du développement du champ gazier d’Anchois, situé dans le permis offshore Lixus, au large de Larache. Ce projet, longtemps perçu comme une promesse incertaine, retrouve un second souffle après le désengagement de l’opérateur Energean.
Avec des réserves estimées à 18 milliards de mètres cubes, Anchois devient de nouveau un actif prioritaire pour le Maroc, qui cherche à renforcer son autonomie énergétique dans un contexte régional tendu.
Un projet relancé après des revers techniques
Découvert dans les années 2000 puis relancé par Chariot et Energean au début des années 2020, le champ d’Anchois avait connu une phase d’exploration encourageante. Trois puits (Anchois-1, -2 et -3) avaient confirmé la présence de gaz dans plusieurs réservoirs, notamment les couches B et C. Mais les résultats mitigés du puits Anchois‑3, foré au second semestre 2024, ont conduit Energean à se retirer du projet en mai 2025. Chariot, jusque-là partenaire minoritaire, a alors repris 75 % du permis et s’est réinstallé comme opérateur principal, aux côtés de l’ONHYM, qui conserve 25 % des parts.
Contrairement aux ambitions initiales, Chariot adopte désormais une approche progressive et prudente. La relance sera centrée sur les volumes confirmés, en s’appuyant exclusivement sur les données issues des forages existants. L’objectif est un développement modulaire, avec un premier gaz ciblé d’ici 18 mois, destiné prioritairement au marché marocain. Désormais, il s’agit de concrétiser un projet économiquement viable, techniquement maîtrisé, et aligné avec les besoins nationaux.
Un atout pour la souveraineté énergétique du Maroc
Le projet Anchois intervient dans un contexte de transition énergétique accélérée. Le Maroc, engagé dans un vaste programme de développement des énergies renouvelables, reste dépendant des importations gazières, notamment via le gazoduc Maghreb-Europe (GME), aujourd’hui inactif côté algérien. La remise en exploitation du gisement permettrait, bien entendu, de sécuriser l’alimentation du marché local (industrie, production d’électricité), mais aussi d’envisager à terme une reconnexion aux flux régionaux, notamment vers l’Espagne.
Les infrastructures envisagées restent volontairement scalables, selon les volumes disponibles. Chariot évoque la possibilité d’une montée en puissance progressive, en fonction de l’évolution des prix du gaz et des besoins du marché. D’autres cibles exploratoires, situées dans les permis Lixus et Rissana, sont également à l’étude. À moyen terme, le projet pourrait attirer de nouveaux partenaires financiers ou techniques, notamment européens, en quête de diversification de leurs approvisionnements.
L’expérience Anchois illustre également la nouvelle dynamique du secteur gazier : des projets de taille moyenne, opérés par des juniors agiles, capables de valoriser des ressources délaissées par les majors. Si les délais sont tenus et les financements sécurisés, Chariot pourrait bien faire d’Anchois un modèle de développement gazier sobre et efficace, en phase avec les enjeux du XXIe siècle.
Une résilience discrète mais stratégique, c’est peut-être ainsi qu’il faut qualifier la relance du champ d’Anchois. À l’heure où la sécurité énergétique devient une priorité géopolitique, le Maroc joue une carte ambitieuse, mais cette fois, avec méthode.

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