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26 juillet 2025
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Ferroviaire : La Chine ambitionne de participer à la modernisation du réseau marocain

La Chine poursuit son avancée spectaculaire dans l’univers du transport ferroviaire à grande vitesse, confortant son statut de leader mondial en matière d’infrastructures, de technologie et de logistique ferroviaires. Dans ce contexte de suprématie industrielle, les signaux de Pékin en direction du Maroc ne passent pas inaperçus.
À travers une publication relayée par son ambassade à Rabat, la Chine affirme sa volonté de coopérer avec le Royaume pour moderniser un réseau ferroviaire déjà considéré comme l’un des plus avancés d’Afrique. Un positionnement stratégique qui ouvre la voie à de possibles transferts technologiques de haut niveau.
Les chiffres sont saisissants. Le train à grande vitesse CR450, conçu par la China Railway Rolling Stock Corporation (CRRC), a atteint une vitesse d’essai de 450 km/h, avec une vitesse commerciale projetée à 400 km/h, selon l’agence Xinhua. Ce bijou technologique s’inscrit dans une stratégie plus vaste : fin 2024, le réseau chinois à grande vitesse s’étendait sur plus de 48 000 kilomètres, représentant plus de 70 % du total mondial. Ce maillage dessert 97 % des villes chinoises de plus de 500 000 habitants et assure quotidiennement plus de 16 millions de trajets, soit plus de 22,9 milliards de passagers transportés depuis sa mise en service.
Cette performance, fruit de plusieurs décennies d’investissements publics massifs, constitue pour la Chine un atout de soft power incontestable, dont la projection dépasse les seules frontières nationales. À ce jour, Pékin a collaboré avec plus de 40 pays dans le développement de réseaux ferroviaires, de la planification à l’exploitation. L’Afrique, et plus précisément le Maroc, figure désormais au cœur de cette diplomatie des infrastructures.
C’est dans cette dynamique que s’inscrit la déclaration officielle de l’ambassade de Chine à Rabat, exprimant l’engagement de Pékin à coopérer avec les autorités marocaines pour la modernisation du réseau ferroviaire national. Le Maroc dispose déjà d’un atout majeur : la première ligne à grande vitesse du continent africain, reliant Tanger à Casablanca depuis 2018. Exploitée à 320 km/h, cette infrastructure pionnière constitue une vitrine de la modernité ferroviaire au sud de la Méditerranée.
L’Office national des chemins de fer (ONCF) ambitionne de déployer, à l’horizon 2040, un réseau TGV de 1 300 kilomètres, en plus de la rénovation de plus de 3 800 kilomètres de lignes classiques. Des corridors stratégiques sont en projet, notamment la liaison Casablanca–Agadir via Marrakech, ainsi que des extensions vers Fès et Oujda. Dans ce cadre, l’expertise chinoise en matière de génie civil, d’électrification et de signalisation constitue un levier de coopération hautement pertinent.
Un potentiel de convergence stratégique
Le soutien affiché par Pékin ne relève pas d’un simple affichage diplomatique. Il s’inscrit dans une logique de complémentarité économique et géopolitique de plus en plus affirmée entre les deux pays. Depuis l’adhésion du Maroc à l’Initiative « La Ceinture et la Route » en 2017, les investissements chinois dans le Royaume se sont intensifiés. La Cité Mohammed VI Tanger Tech, construite en partenariat avec China Communications Construction Company (CCCC) et CRCC, ambitionne d’attirer plus de 200 entreprises et de générer 100 000 emplois directs à terme.
Le ferroviaire pourrait constituer la prochaine brique de ce partenariat structurant, intégrant des composantes industrielles, logistiques, mais aussi environnementales. La Chine développe des trains à hydrogène et à propulsion mixte, et le Maroc, engagé dans une stratégie nationale de décarbonation, pourrait bénéficier de ces innovations à moyen terme.
Dans un contexte où l’Afrique peine encore à structurer ses corridors ferroviaires transnationaux, l’exemple sino-marocain offre une démonstration de ce qu’une coopération technologique équilibrée peut produire. Le Royaume, déjà pionnier dans la grande vitesse sur le continent, pourrait accéder à des trains de dernière génération, capables de dépasser les 400 km/h, si les projets d’extension ferroviaire s’accompagnent d’un saut qualitatif dans l’équipement roulant.
La perspective d’un TGV nouvelle génération, de fabrication conjointe ou via transfert technologique, n’est plus hors de portée. D’autant que l’ONCF a initié, ces dernières années, un important processus de digitalisation et de modernisation des gares, appuyé par des partenariats avec la Banque africaine de développement et l’Union européenne.
Le positionnement de la Chine au Maroc s’inscrit dans une stratégie d’influence fondée sur la construction d’infrastructures résilientes, à haute valeur ajoutée industrielle. Le Royaume, de son côté, renforce son rôle de plateforme régionale en Afrique du Nord et de passerelle logistique vers l’Europe et l’Atlantique. Le développement de nouvelles lignes à grande vitesse, adossé à une coopération stratégique avec Pékin, pourrait donc constituer un catalyseur de transformation économique et géopolitique à l’échelle continentale.

Maroc diplomatique

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