19.1 C
CASABLANCA, MA.
21 août 2025
ACTUALITÉSFlash InfosSANTESOCIETE

Santé des jeunes : Des progrès tangibles

La santé des jeunes marocains, qui représentent plus de 30 % de la population, a connu des avancées notables en matière d’accès aux soins et de couverture médicale. Selon le ministère de la Santé, le taux de couverture par l’assurance maladie obligatoire pour les 15–29 ans est passé de 24 % en 2010 à 78 % en 2024, grâce à l’élargissement de l’AMO et à la généralisation de la protection sociale entamée en 2021.
Le Plan Santé 2025 a permis d’améliorer la présence de structures sanitaires en milieu rural, notamment par la réhabilitation de plus de 2 100 centres de santé de premier niveau, dont plus d’un tiers sont situés dans des provinces à forte population jeune (Béni Mellal-Khénifra, Drâa-Tafilalet, Souss-Massa). Cependant, le ratio médecin/jeunes reste inégal selon les territoires : 1 médecin pour 4 600 jeunes en milieu urbain, contre 1 pour 9 300 en zone rurale, selon les données consolidées par le HCP en 2024.
Le ministère de la santé a mis en place un programme de santé scolaire et universitaire qui couvre 5,1 millions d’élèves et étudiants, avec un accent particulier sur la prévention (vaccination, dépistage, santé sexuelle et reproductive). Mais la mise en œuvre demeure fragile : seules 47 % des académies régionales ont une couverture systématique en médecine scolaire selon le rapport de suivi du CESE (2023).
La santé mentale, parent pauvre du système
Alors que les troubles psychiques représentent un fardeau croissant chez les jeunes, le Maroc peine encore à leur accorder une réponse à la hauteur. Le CNDH a alerté, dès 2022, que près de 48 % des jeunes de 15 à 29 ans déclaraient avoir déjà ressenti un mal-être prolongé, sans accès à un accompagnement adéquat.
Le pays ne dispose que de 0,12 psychiatre pour 10 000 habitants, avec de fortes disparités territoriales. En 2024, on comptait 43 structures psychiatriques publiques opérationnelles, concentrées dans les grandes villes, et seulement deux centres spécialisés pour les adolescents (à Casablanca et Fès). De nombreux jeunes recourent à des solutions informelles, voire à l’automédication, faute de services de proximité.
En réponse, le ministère a annoncé en 2023 un Plan national de santé mentale pour la jeunesse, avec un budget prévisionnel de 550 millions de dirhams jusqu’en 2027. Il prévoit la création de dix unités médico-psychologiques dédiées aux jeunes, intégrées aux centres de santé urbains. Ce plan reste cependant en phase pilote.
 Prévention, addictions et comportements à risque
Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) souligne l’émergence de nouvelles problématiques sanitaires liées aux addictions numériques, à la consommation de substances et aux troubles alimentaires. Le rapport national sur la santé des jeunes 2024 révèle que 17 % des jeunes âgés de 15 à 24 ans consomment régulièrement du tabac, 9 % déclarent avoir expérimenté des drogues, et plus de 36 % passent plus de 6 heures par jour sur des écrans en dehors des activités scolaires ou professionnelles.
Face à ces dérives, le ministère a lancé un programme d’intervention dans les lycées, appuyé par des ONG spécialisées, avec plus de 280 000 élèves sensibilisés en 2023–2024. Néanmoins, selon les données du CESE, seules 12 régions ont adopté une stratégie intégrée de prévention jeunesse.
 Vers une politique intégrée de santé des jeunes
La réforme du système de santé, amorcée depuis 2022, inclut un axe transversal consacré à la jeunesse. La future Agence nationale de santé publique, en cours d’opérationnalisation, devrait centraliser les indicateurs et coordonner les actions entre les ministères, les collectivités et les ONG.
Le HCP estime que si les investissements annoncés sont tenus, le taux d’accès effectif à un professionnel de santé pour les jeunes de moins de 30 ans pourrait atteindre 90 % d’ici 2030, contre 68 % en 2022. Mais cette projection reste conditionnée à l’augmentation des effectifs médicaux (actuellement en pénurie), à la digitalisation des services, et à la reconnaissance effective de la santé mentale comme enjeu prioritaire.

Maroc diplomatique

Articles Connexes

Ce site utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que cela vous convient, mais vous pouvez vous désabonner si vous le souhaitez. Accepter Lire Plus