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26 avril 2024
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Décès de l’islamologue et chercheur Abdallah Charif Ouazzani Chahdi, 58 ans

Un éminent érudit nous quitte 

Qui ne se remémore la vie de ce savant et chercheur accompli, aux grandes qualités, qu’est Moulay Abdallah Charif Ouazzani Chahdi, qui vient de décéder, dimanche 3 juillet, à Casablanca et inhumé dans la zaouiya Ouazzaniya à Fès lundi 4 juillet en présence d’une foule nombreuse? Tout le monde sait que ce natif de Fès en 1964, est un éminent érudit qui a à son actif tout un parcours intellectuel distingué aussi bien à l’échelle nationale qu’à l’échelle internationale. Islamologue et chercheur en pensée islamique, Abdallah Charif Ouazzani, est, en effet, considéré comme l’un des plus éminents érudits et chercheurs en pensée islamique. Feu Charif Ouazzani, qui après une vingtaine d’années dans le secteur pharmaceutique dont il est diplômé, a soutenu en 2005 un doctorat en études islamiques, a travaillé comme enseignant à la faculté des Lettres de l’Université Mohammed V de Rabat, ainsi que dans plusieurs universités et instituts du Royaume.
Par ailleurs, le regretté était le producteur et présentateur de l’émission «Anwar al-Islam» sur la chaîne d’information marocaine en continu (M24) et RIM Radio, de l’Agence Maghreb Arabe Presse. Le défunt est aussi l’auteur de plusieurs publications, notamment «La zaouiya Ouzzaniya à Fès, ses penseurs et ses caractéristiques» en 2009, «Pourquoi nous réjouissons-nous du Prophète, paix et salut sur lui» (livre collectif) 2013 et «L’Islam en otage», en 2021. Feu Abdallah Charif Ouazzani a également contribué à de nombreux articles de presse nationaux et internationaux, sous forme d’interviews à la télévision et à la radio, et par des écrits sur des journaux et des sites Web.
L’Islam du juste milieu
Polyglotte, le regretté chercheur a animé de nombreuses conférences au Maroc et à l’étranger et des émissions sur des radios nationales et participé à plusieurs conférences sur le dialogue interreligieux aussi bien au Maroc qu’à l’étranger. Le hasard a voulu que je le rencontre dans une ultime entrevue au cours de sa participation à la conférence -débat organisée, le vendredi 1er juillet 2022, par la Fondation universitaire Links autour du thème «l’hydre de l’islamisme radical». Conférence animée par Hassan Aourid, politologue, écrivain et professeur à l’Université Mohamed V-Rabat.
Intervenant après l’excellent exposé de Hassan Aourid, en tant que contradicteur, feu Abdallah Charif Ouazzani a su brillamment capter l’attention de l’auditoire par ses analyses pertinentes, d’abord pour critiquer ceux qui mettent l’Islam en otage, et ensuite pour déstructurer tous ces concepts dévoyés par ceux qui prétendent représenter la religion musulmane, alors qu’ils sont loin de la représenter. L’Islam, dit-il, est doublement otage: d’une part des fanatiques religieux, et d’autre part des extrémistes anti-religieux. Les premiers se proclament de l’Islam et instrumentalisent les textes à des fins purement politiques, alors qu’ils sont très loin de la religion et de la spiritualité, tandis que les seconds, ce sont des gens qui attaquent l’Islam, parce qu’ils voient en lui l’ennemi.
Ils voient en lui une capacité de moraliser la société, de moraliser l’individu, d’unir les gens autour des valeurs saines et positives. Ce sont des gens qui ne peuvent vivre que sur les atrocités, sur les malheurs des autres, sur les guerres. Et c’est pour cela, dit-il, qu’il y a quelque chose de noble, c’est la Religion avec un «R» majuscule. Ces gens, poursuit-il, «veulent s’accaparer la religion et nous en exclure en l’instrumentalisant à leur manière, et, bien sûr, nous confronter les uns aux autres et nous mettre en affrontement avec nos frères en humanité».
Or, en utilisant le référentiel authentique de l’Islam, l’Islam ne peut être que cette «religion d’amour», nous dit Moulay Abdallah Charif Ouazzani. A côté de cet Islam politique dont on nous parle tant, n’y a-t-il pas place pour un Islam poétique, un Islam esthétique?, souligne-t-il avec force. C’est ce message d’éthique de notre religion qui nous permet d’établir «une relation individuelle avec le Créateur, et nul , dit-il, n’a droit de m’interpeller sur ça». C’est en se remémorant, avec grande estime, la vie de ce savant et chercheur accompli, que S.M. le Roi Mohammed VI, en adressant un message de condoléances et de compassion aux membres de la famille de feu Abdallah Charif El Ouazzani, a qualifié le regretté, cet érudit aux grandes qualités humaines, de ce «bon exemple à suivre qui incarne l’Islam juste et veille à diffuser ses principes et ses nobles valeurs, à travers des ouvrages et des contributions significatives qui appellent à s’imprégner des vertus du juste milieu et de la modération et à établir des ponts de coexistence et de tolérance entre les différentes religions, de même qu’il était reconnu pour son patriotisme sincère et son indéfectible attachement au glorieux trône alaouite».

Maroc Hebdo

PHOTO ACMRCI

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