Nous vivons une époque trouble, où les repères s’effacent, où l’absurde côtoie l’indécent, où la vérité se dilue dans les échos artificiels du tumulte ambiant, où la parole juste est asphyxiée par la cacophonie des ambitions sans honneur. Une époque où aimer son pays, le Maroc, est devenu non seulement suspect, mais presque subversif. Une époque où la fidélité aux institutions, la défense de la Monarchie et l’attachement aux fondements de notre nation sont dépeints comme des signes d’aliénation ou de compromission.
C’est vraiment un renversement sidérant. Ceux qui s’érigent en patriotes sont cloués au pilori, tandis que ceux qui alimentent le chaos se parent des habits de héros. Le discours national est kidnappé, parasité, retourné. Aimer son pays ? Cela suffirait, aujourd’hui, à être traité de « vendu », de « Porte-voix du Makhzen », de « voix des services ». Défendre l’ordre, la stabilité, les institutions ? Ce serait renoncer à sa conscience, dit-on, pour la simple raison qu’on ose dire non à la nuisance, oui à la stabilité. Mieux encore, les mots simples « patriotisme, stabilité, engagement » sont retournés contre ceux qui les prononcent, avec cette froide ironie de ceux qui ont fait du cynisme un fonds de commerce.
Mais la conscience, justement, impose parfois de parler à contre-courant. Elle nous commande de résister à la dérive nihiliste, à cette frénésie de destruction que certains masquent sous les oripeaux du progrès et des droits de l’Homme qu’ils brandissent à tout bout de champ. Aimer son pays, dans ce contexte, est devenu un acte de courage, un acte politique, un acte moral. Bizarrement, on loue les agitateurs, on célèbre les pourfendeurs de tout lien civique, on encense ceux qui surfent sur les frustrations pour mieux dynamiter les structures qui maintiennent encore debout le Maroc. Le paradoxe est là accentué et donné à voir en grandeur nature sur les réseaux sociaux : ceux qui prônent la haine, ceux qui insultent les symboles, ceux qui instrumentalisent les douleurs réelles d’un peuple en quête de mieux, sont glorifiés. Ceux qui appellent au discernement, au respect, à la construction patiente, sont pointés du doigt.
Et pourtant, que nous reste-t-il, sinon ce lien viscéral qui nous rattache à cette terre ? Ce Maroc que l’on critique parfois mais que l’on n’abandonne jamais. Car oui, l’amour du pays ne signifie pas la soumission. Il signifie la fidélité lucide, l’exigence responsable, la critique constructive. Il signifie refuser de céder ce pays aux faussaires de la parole et aux trafiquants de l’indignation. La réalité, elle, ne se maquille pas et la situation est là, sous nos yeux. Les citoyens souffrent, le coût de la vie explose, les services publics sont souvent défaillants, l’accès aux soins, à l’éducation, au logement est une course d’obstacles. Mais qui, aujourd’hui, transforme cette détresse en action politique sincère ? Les partis politiques ? Ils sont en campagne permanente, prisonniers de leur propre théâtre, en orbite électorale continue. Leur priorité n’est plus le citoyen mais la prochaine échéance électorale. Et à cette quête, ils sacrifient tout, sauf leur confort.
Ils ne parlent plus à ce peuple qui n’est plus qu’un bruit de fond, ils parlent du peuple entre eux, en cénacles fermés, dans une langue codée, déconnectée. Ils ne proposent plus de vision, ils recyclent des slogans. Ils ont déserté le terrain de la citoyenneté pour investir celui de la stratégie. Et dans ce vide laissé par les responsables, certains, en embuscade, se frottent les mains et les démagogues prospèrent. Leur stratégie est simple : tout noircir, tout salir, tout suspecter.
Ces rejetons du Maroc devenus ennemis
Force alors est de constater que c’est un projet méthodique, structuré, souvent financé de l’étranger par ceux qui rêvent d’un Maroc affaibli, vulnérable, morcelé, relayé par des influenceurs du désastre, des commentateurs amers, des activistes aux causes variables. Ils n’ont ni programme, ni projet, mais une mission claire : déconstruire. Déconstruire le lien de confiance entre le citoyen et l’État, déconstruire toute forme de réussite en la présentant comme le fruit de la compromission, déconstruire le patriotisme en le travestissant en servitude. Leur objectif est délégitimer tout ce qui tient encore : l’État, la Monarchie, l’armée, la sécurité. Leur tactique ? Diaboliser l’efficacité, criminaliser la loyauté, ridiculiser la réussite car lorsqu’il n’y a plus de repères, il est plus facile de frapper. Lorsqu’il n’y a plus de voix, le vacarme s’impose. Lorsqu’il n’y a plus de cap, la haine devient boussole. Et c’est ainsi que prospère leur projet du « Maroc vulnérable ». Ils ont fait du doute leur arme et de la noirceur leur drapeau. Ils veulent convaincre que rien ne vaut la peine d’être sauvé, même pas le Maroc.
C’est dire qu’il y a ceux qui bâtissent, et à côté, il y a ceux qui détruisent pour exister. Ceux-ci ont fait de la critique un gagne-pain, de la contestation un mode de vie, du soupçon un métier à plein temps. Du matin au soir et du soir au matin, ils s’enivrent de rumeurs, recyclent des indignations, construisent des théories sur du vent. Ils ne proposent rien, ne créent rien, n’élèvent rien. Mais ils parlent, fort, très fort, et toujours contre ceux qui, dans le silence du devoir, agissent. Nous les connaissons bien, ces artisans du vacarme, parfois Marocains d’ici, souvent soutenus et financés de l’étranger. Ils se cachent derrière des écrans, se déguisent en « veilleurs », en « influenceurs » autoproclamés de la vérité, en pseudo-intellectuels désabusés, en prétendus défenseurs du peuple, qu’ils trahissent pourtant à chaque tweet, à chaque vidéo, à chaque manipulation. Bien évidemment, ils ont dans leur viseur les institutions les plus solides, les plus stratégiques et ils n’ont qu’une obsession, c’est abattre les figures de l’autorité. Ils diabolisent ce qui fonctionne, ils ridiculisent ce qui résiste, ils criminalisent ce qui rassure. Et pourtant, au milieu de ce chaos entretenu, il reste des hommes, solides, silencieux, loyaux…
Abdellatif Hammouchi en est l’exemple éclatant. L’homme n’a jamais cherché les projecteurs, il les fuit même. Mais dans l’ombre, il construit, il protège, il prévient. Sa rigueur dérange, sa sobriété irrite, son efficacité gêne. Alors on l’attaque non parce qu’il a failli mais parce qu’il a réussi là où tant d’autres ont échoué, parce qu’il incarne un Maroc qui ne crie pas, mais qui tient. Yassine Mansouri, lui aussi, est visé, parce qu’il représente cette école marocaine du service de l’État : discrète, loyale, compétente. Il ne polémique pas, il ne parade pas, il agit dans l’ombre. À la tête de la DGED, il œuvre dans un silence qui en dit long, celui de la souveraineté assurée, sans effet de manche.
Tous deux incarnent un Maroc qu’on ne montre pas souvent, celui de l’abnégation, de la constance et du résultat. Un Maroc qui travaille pendant que d’autres commentent, un Maroc de fidélité, de rigueur, d’efficacité. Ils sont devenus les symboles d’une éthique devenue rare : travailler pour le pays et non pour les caméras. Et c’est précisément cela qui les rend insupportables aux yeux de ceux qui n’ont que leur amertume pour se définir. Parce qu’ils prouvent que l’excellence marocaine existe et dépasse les frontières, qu’elle peut être sobre, digne, loyale. Parce qu’ils sont la contradiction vivante du chaos que d’autres veulent imposer. Parce qu’ils sont, dans ce Maroc que certains voudraient voir s’effondrer, les phares qui tiennent encore l’horizon. De fait, on tente de salir ce qu’on ne peut égaler. On tente de tordre ce qu’on ne peut briser.
Et ils ne sont pas seuls à être visés, il y a aussi les Forces Armées Royales, colonne vertébrale d’un Maroc debout, rempart de pierre dans les tempêtes de sable. Pourtant elles ne demandent ni caméras, ni micros, encore moins de médailles. Garantes de l’intégrité territoriale, loyales au Souverain, respectées pour leur discipline, saluées pour leur engagement dans les missions humanitaires et onusiennes, elles incarnent le professionnalisme militaire dans ce qu’il a de plus noble. Et voilà qu’on ose remettre en cause leur fidélité et leur sens du devoir ? Cela en dit long sur l’agenda de ceux qui prétendent « aimer le Maroc », mais n’hésitent pas à poignarder dans le dos ceux qui l’ont toujours servi. Car s’en prendre aux Forces Armées Royales, c’est frapper le cœur même du pays. Mais ce cœur bat encore, fort, calme, inflexible. Ce que certains feignent d’oublier, c’est que ces hommes ne servent pas un poste. Ils servent une Patrie, une Histoire, un trône. Leur fidélité n’est pas à vendre et leur loyauté ne se monnaye pas. Leur engagement est enraciné, ancré, trempé dans la dignité. Et leur commandement, c’est le Roi, Chef Suprême et garant de cette verticalité que d’aucuns rêvent d’abattre.
Monarchie et continuité
Et le comble est que ces faiseurs de trouble ne s’arrêtent pas là. Il leur faut aussi ternir le travail d’une diplomatie marocaine qui, sans bruit, sans frime, sans effets de manche, bouscule les lignes. Une diplomatie intelligente, respectée, stratégiquement ancrée dans les grandes batailles du temps : le Sahara, la cause palestinienne, la coopération Sud-Sud, les équilibres mondiaux. Sauf que tandis que certains bavardent dans les marges du ressentiment, le Maroc, lui, trace sa voie, dialogue, construit des ponts, affiche ses positions, claires et souveraines. Et ce qui devrait être une fierté nationale devient, pour ces mêmes voix malveillantes, une provocation. Chaque succès diplomatique, un affront à leur entreprise de décrédibilisation. Chaque reconnaissance, une gifle à leur récit de décadence. Chaque avancée, une épine dans leur scénario de l’effondrement annoncé. Car ces ennemis de l’intérieur n’aiment pas le Maroc debout. Ils préfèrent l’image d’un pays à genoux, triste, fracturé, prêt à être livré aux causes étrangères qu’ils brandissent comme des drapeaux de substitution.
Or au sommet de cet édifice, il y a un homme. Un Souverain qui incarne la continuité, la vision, la cohésion. Il est le repère vertical dans un monde horizontalisé. Il trace des visions là où d’autres bricolent des promesses. Là où d’autres improvisent, il bâtit. Là où d’autres hésitent, il incarne. Il ne gouverne pas à coups de hashtags ni au rythme des indignations en ligne. Il élève, il oriente, il rassemble. Dans un pays où la parole politique s’est parfois vidée de son sens, il incarne encore cette parole pleine, dense, visionnaire. On le vise parfois à demi-mot, par ricochet, par insinuation. Mais ceux qui s’y risquent – ennemis de l’intérieur, souvent plus redoutables que ceux de l’extérieur- savent au fond qu’ils ne l’atteignent pas. Parce que la Monarchie, au Maroc, ce n’est pas une option, mais un ancrage, une continuité là où tout rompt, une ossature quand tout flanche. Oui, disons-le sans détour : le Souverain incarne cette hauteur qu’aucune polémique n’atteint et c’est parce que le Roi est là que le Maroc tient encore debout. N’en déplaise aux ennemis du pays.
Nous n’avons que faire de ces justiciers de fortune, grimés en consciences éveillées, qui agitent des causes importées comme des étendards de vertu. Leur vrai combat n’est pas pour la justice mais contre l’unité. Leur objectif n’est pas la dignité du peuple mais l’effritement de sa cohésion. Le Maroc n’a pas besoin qu’on lui dicte de l’extérieur ce qu’il doit penser, décider, choisir. Les grandes orientations relèvent d’une souveraineté pleine, d’une vision claire, royale, assumée. Nous avons besoin de responsables, pas de vendeurs d’illusions ni de marchands de révoltes stériles. De serviteurs, pas de rentiers de la parole. Nous avons besoin de femmes et d’hommes qui parlent peu, mais agissent, qui respectent le silence du devoir plus que le bruit des slogans. Nous avons donc le devoir de rappeler que défendre le Maroc, c’est défendre la stabilité contre la tentation du chaos.
Alors nous, journalistes, écrivains, analystes, avons un rôle, un devoir, une posture à tenir. Nous n’écrivons pas pour plaire ni pour suivre les vents, nous devons écrire pour empêcher que le vacarme n’étouffe la vérité. Nous devons écrire pour ne pas abandonner le récit national aux destructeurs de l’intérieur. Nous devons écrire pour contrer la haine et le complot contre le pays, NOTRE pays. Oui, nous aimons le Maroc, NOTRE Maroc et aimer son pays, ce n’est pas l’idéaliser. C’est le regarder en face, avec tendresse et exigence, c’est dénoncer les abus mais sans incendier la maison, c’est contester mais sans livrer le pays en pièces détachées aux vautours et à ceux qui attendent de le voir tomber. C’est rêver d’un Maroc meilleur sans cracher sur ce qu’il est déjà. Nous devons écrire par patriotisme, pour défendre l’intégrité territoriale non comme un slogan vide, mais comme une vérité profonde. Le Maroc est un, indivisible. Sahara, Nord, Sud, Est, Ouest : une seule terre, une seule mémoire, un seul avenir. Alors oui, écrivons, parlons, dénonçons les abus quand il le faut, exigeons plus de justice, plus de courage politique, plus d’équité. Mais ne laissons pas le terrain aux démolisseurs.
À notre grand bonheur, il reste encore des femmes et des hommes de valeur, au Maroc comme ailleurs, qui n’occupent ni les plateaux, ni les buzz, qui n’élèvent pas la voix, mais qui relèvent le pays dont ils font un devoir de vie. Ils n’exhibent pas leur patriotisme mais ils le vivent, en silence, par conscience, par amour, par fidélité et exigence. Et c’est pour eux et avec eux que nous continuerons à écrire.
Et cela, quoi que fassent les ennemis du Maroc, ils ne pourront jamais nous l’enlever.
Maroc diplomatique