 Cette étude vise à mettre en évidence les stratégies employées ainsi que la façon dont chaque levier d’action a été mis en place, et à les conceptualiser à la lumière des théories des relations internationales.
Cette étude vise à mettre en évidence les stratégies employées ainsi que la façon dont chaque levier d’action a été mis en place, et à les conceptualiser à la lumière des théories des relations internationales. Pendant une longue période de son histoire diplomatique, entre le moment où le royaume avait quitté l’OUA (1984) et le début du règne du Mohammed VI (1999), l’approche marocaine avait consisté dans l’application d’une forme de “Doctrine Hallstein” sur le continent, en coupant systématiquement ses relations diplomatiques avec les pays qui reconnaissaient le Front Polisario comme un représentant légitime du peuple sahraoui. Cette pratique avait alors conforté son exclusion de plusieurs sphères de coopération multilatérales africaines.Une diplomatie bilatérale et multisectorielle réussieLongtemps accusé de défendre ses intérêts territoriaux au détriment d’une vision solidaire avec l’Afrique, le royaume a voulu démontrer que la défense de ses intérêts n’était pas incompatible avec l’expression de cette solidarité.
Pendant une longue période de son histoire diplomatique, entre le moment où le royaume avait quitté l’OUA (1984) et le début du règne du Mohammed VI (1999), l’approche marocaine avait consisté dans l’application d’une forme de “Doctrine Hallstein” sur le continent, en coupant systématiquement ses relations diplomatiques avec les pays qui reconnaissaient le Front Polisario comme un représentant légitime du peuple sahraoui. Cette pratique avait alors conforté son exclusion de plusieurs sphères de coopération multilatérales africaines.Une diplomatie bilatérale et multisectorielle réussieLongtemps accusé de défendre ses intérêts territoriaux au détriment d’une vision solidaire avec l’Afrique, le royaume a voulu démontrer que la défense de ses intérêts n’était pas incompatible avec l’expression de cette solidarité. Au-delà de ses champs d’action diplomatiques, la politique africaine du Maroc marque donc une redéfinition décisive de la géopolitique régionale et continentale. Il s’agit de l’affirmation et la reconnaissance internationale de l’identité africaine du royaume. Cette affirmation a impliqué d’importantes transformations à l’échelle domestique. À titre d’exemple, la presse s’intéresse davantage, depuis une dizaine d’années, à l’histoire et à l’actualité africaine, et les acteurs culturels sont invités à créer des liens avec les artistes africains. Les étudiants continentaux sont encouragés à venir étudier au Maroc, et les acteurs associatifs marocains sont intégrés dans les réseaux de diplomatie parallèle. En 2013, une nouvelle politique migratoire a été instituée de façon à faciliter la régularisation et l’intégration des migrants subsahariens. Quelques années plus tard, en 2018, la demande d’adhésion du Maroc à la CEDEAO prenait aussi de court l’ensemble de classe politique internationale.
Au-delà de ses champs d’action diplomatiques, la politique africaine du Maroc marque donc une redéfinition décisive de la géopolitique régionale et continentale. Il s’agit de l’affirmation et la reconnaissance internationale de l’identité africaine du royaume. Cette affirmation a impliqué d’importantes transformations à l’échelle domestique. À titre d’exemple, la presse s’intéresse davantage, depuis une dizaine d’années, à l’histoire et à l’actualité africaine, et les acteurs culturels sont invités à créer des liens avec les artistes africains. Les étudiants continentaux sont encouragés à venir étudier au Maroc, et les acteurs associatifs marocains sont intégrés dans les réseaux de diplomatie parallèle. En 2013, une nouvelle politique migratoire a été instituée de façon à faciliter la régularisation et l’intégration des migrants subsahariens. Quelques années plus tard, en 2018, la demande d’adhésion du Maroc à la CEDEAO prenait aussi de court l’ensemble de classe politique internationale.