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20 avril 2024
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MAHAMADOU ISSOUFOU, «CHAMPION DE LA ZLECAF», DÉSHONORÉ PAR TEBBOUNE ET SA PRESSE

Mahamadou Issoufou, ancien président du Niger, chargé par l’Union africaine de la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine, a été reçu, jeudi, par le président algérien Abdelmadjid Tebboune. Fait troublant: le communiqué de la présidence algérienne a fait l’impasse sur l’importante mission d’Issoufou à la tête de la Zlecaf.
Abdelmadjid Tebboune a reçu, jeudi 10 février à Alger, Mahamadou Issoufou, ancien président du Niger (2011-2021), et actuel «champion de la Zlecaf», l’ambitieux projet de Zone de libre-échange au continent africain. C’est d’ailleurs précisément au sujet de la Zlecaf que Mahamadou Issoufou vient de présenter un rapport, lors des travaux du 35e Sommet des chefs d’Etat de l’Union africaine qui s’est tenu le week-end dernier à Addis-Abeba (Ethiopie).
Mais bizarrement, le communiqué de la présidence algérienne ayant annoncé cette entrevue n’a fait aucune mention de l’actuel titre d’Issoufou, chargé par l’UA de la mise en œuvre de la Zlecaf.
De même, l’agence de propagande de la junte algérienne, APS, tout en présentant Issoufou comme «porteur d’un message» envoyé à Tebboune par l’actuel président du Niger, Mohamed Bazoum, s’est limitée à exploiter cette visite, dans le seul but de chercher à lustrer l’image plus que jamais ternie de la diplomatie algérienne. L’APS parle ainsi de discussions qui auraient porté sur le terrorisme au Sahel, pour glisser que «l’Algérie a un rôle à jouer dans la mise en place» des «solutions» dans cette région. Ce qu’aucun Etat du «G5-Sahel» (Mali, Mauritanie, Burkina Faso, Niger, Tchad) ne lui a jamais demandé, ni même souhaité.
C’est à peine que l’APS a fait référence à l’Agenda 2063 de l’Union africaine, dont la Zlecaf est un important maillon, pour écrire que «l’Algérie milite très fortement pour la mise en œuvre de cet Agenda 2063», alors qu’elle le bloque à travers sa politique de mauvais voisinage qui fait que ses frontières sont fermées avec quatre pays (Maroc, Mauritanie, Mali, Libye), sur les six Etats avec lesquels elle partage des frontières. Il est à rappeler que les frontières terrestres de l’Algérie avec le Maroc sont fermées depuis 1994. Ce qui en fait les plus anciennes frontières verrouillées du continent africain.
En réalité, Issouffou serait venu de lui-même à Alger en vue de tenter de lever un obstacle de taille qui se dresse devant la Zlecaf, à savoir la fermeture par l’Algérie de ses frontières terrestres, maritimes et aériennes avec le Maroc, bloquant ainsi l’intégration maghrébine, voire ce que l’UA appelle la Communauté économique régionale (CER) de l’Afrique du nord.
Cette mission de bons offices de l’émissaire de l’UA met l’Algérie face à ses contradictions et fait tomber son masque de trublion régional et continental. C’est pour cette raison que Mahamadou Issoufou a été abaissé à un simple rôle de porteur d’un message du président du Niger à Tebboune.
Une attitude déshonorante pour Mahamadou Issoufou, qui n’est autre que l’un des ex-chefs d’Etat africains les plus respectés du continent et à travers le monde. Cet anti-balkanisation de l’Afrique et panafricaniste convaincu, doublé d’un démocrate exemplaire, s’est rendu célèbre pour avoir fermement refusé de modifier la constitution nigérienne en vue de briguer un 3e mandat. «Je ne veux pas procéder aux triturations que l’on a coutume de voir en Afrique», avait-il déclaré, attitude qui lui valut, en mars 2021, le prix Mo Ibrahim, et, en novembre dernier, un livre paru aux éditions L’Harmattan et intitulé «Le président Mahamadou Issoufou, un humaniste accompli», signé Adrien Poussou.
En plus du titre de «Champion de l’industrialisation de l’Afrique», décerné conjointement en novembre 2020 par l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI), la Commission économique pour l’Afrique (CEA) et l’Afreximbank, une statue a été érigée à son honneur à Accra devant le siège du secrétariat général de la Zlecaf. Le week-end dernier, au moment de présenter son rapport sur l’état d’avancement de la Zlecaf devant les chefs d’Etat africains, il a été longuement ovationné.
C’est fort de cette aura continentale et internationale que Mahamadou Issoufou était donc venu ce jeudi 10 février à Alger pour demander la levée des obstacles qui entravent encore la mise en œuvre de la Zlecaf. Et le régime algérien sait pertinemment qu’il rame à contre-courant des projets constructeurs de l’Union africaine. Cette organisation sert uniquement à la junte à seule fin d’imposer son agenda hostile au Royaume du Maroc. Cette réalité finira par faire apparaître le régime algérien sous son vrai visage, celui d’un ennemi acharné de la construction africaine.

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