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10 décembre 2024
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Algérie-Espagne: Tebboune « veut la jouer comme Poutine » mais n’en a pas la force

La décision de l’Algérie de rompre le Traité d’amitié qui la liait à l’Espagne suite à la confirmation de la « position d’Etat » de ce pays concernant son appui à l’autonomie au Sahara est « irresponsable », a indiqué un journaliste algérien exilé. Le président Abdelmadjid Tebboune « veut la jouer comme Poutine » mais n’a pas « la force ni les atouts » de ce dernier. 
« Depuis plusieurs semaines on s’attendait à ce que l’Algérie adopte une position encore plus hostile et plus directe » sur la décision souveraine de l’Espagne de soutenir le plan d’autonomie marocain proposé comme solution au différend régional autour du Sahara.
L’annonce avait été faite par Pedro Sanchez le 18 mars, et avait déjà provoqué l’ire des dirigeants algériens dont le projet serait d’installer une fausse république sahraouie commandée en sous marin par l’Algérie dans les provinces du sud du Maroc.
Mais ce n’est que le 8 juin que le gouvernement espagnol a précisé la teneur de cette décision puisque devant le Parlement, le chef de l’exécutif espagnol, Pedro Sanchez, a expliqué qu’il ne s’agissait pas d’une position du gouvernement actuel mais d’une position de l’Etat espagnol, ce qui sous-entend qu’il n’y aura pas de retour en arrière quel que soit la mouvance politique qui dirige le pays.
Avec cette décision l’Espagne se range du côté de plusieurs pays occidentaux, dont la France, les Etats-Unis, l’Allemagne, en plus des nombreux pays qui ont affirmé la pleine souveraineté du Maroc sur le Sahara et pour qui, ce sujet n’est pas question à débat.
Pour le journaliste algérien Abdou Semmar, exilé en France, la rupture du Traité d’amitié qui liait Alger et Madrid depuis 2002 suite à cette confirmation de la nouvelle position espagnole concernant le Sahara, « ne signifie pas qu’on rompt les relations diplomatiques » comme l’Algérie l’a fait en août 2021 avec le Maroc.
« Les consulats seront toujours ouverts, les lignes aériennes et maritimes seront toujours maintenues, du moins jusqu’à preuve du contraire » a-t-il dit. « Les dirigeants algériens n’ont pas encore décidé de se radicaliser davantage », a poursuivi le patron du site d’information AlgériePart dans une vidéo sur Youtube.
Néanmoins Abdou Semmar a relevé une manifestation de cette décision de rupture qui s’est manifestée dans un registre tout à faire étranger au contenu du document. « La mesure la plus concrète et la plus dangereuse c’est ce qui a été décidé par les autorités algériennes pour les banques algériennes », a-t-il affirmé.
Il a expliqué que les banques en Algérie ont reçu l’ordre de mettre un termes aux opérations d’importations depuis l’Espagne sous instruction d’une association. « l’instruction de l’association concerne l’interdiction de domicilier les opérations d’importations, du commerce extérieur, de tout ce qui vient d’Espagne », indique-t-il.
« Les banques algériennes, depuis hier, le 8 juin, ont reçu une instruction de la part d’une association, encore une fois c’est un cas unique en Algérie », s’est-il indigné. « L’Algérie c’est le seul pays au monde où c’est une association qui décide à la place d’une autorité », a poursuivi Abdou Semmar précisant qu’au lieu que ça soit la banque centrale, c’est l’association des établissements financiers qui prend ce genre de décisions.
« C’est une décision radicale et qui n’a rien à voir avec le traité d’amitié » qui concerne une coopération politique et sécuritaire et qui n’engage pas le commerce entre les deux pays, rappelle le journaliste.
Tebboune se prend pour Poutine
Et de critiquer cette décision des autorités algériennes de se mettre à dos l’Espagne, le journaliste algérien alerte sur le risque d’isolement de l’Algérie.
« L’Algérie risque de s’isoler », a-t-il affirmé, en expliquant: « Vous dites aux Espagnols que vous ne vous entendez plus avec eux parce qu’ils sont avec les Marocains. Cette radicalité employée par le régime algérien est en train de pousser les Espagnols à s’allier davantage aux Marocains ».
« Qu’est-ce qu’il faut lire dans la réaction des Espagnols? Ils disent que dans notre traité d’amitié il est clairement dit que personne ne doit s’ingérer dans les affaires intérieures de l’autre et que c’est une question souveraine (…) Pourquoi veux tu (en faisant référence à l’Algérie) m’obliger à soutenir l’indépendance du Sahara occidental alors que ce n’est pas dans mes intérêts? », s’est-il écrié en se mettant à la place de l’Espagne dans cette affaire.
Le journaliste a rappelé que l’absurdité de la réaction algérienne surtout que les relations économiques entre les deux pays sont importantes et que l’Espagne est le deuxième cliente de l’Algérie en gaz naturel et premier marché européen.
A ce titre, il explique qu’il est impossible de remplacer l’Espagne par l’Italie étant donné que le contrat de gaz est signé sur plusieurs années. Tebboune « veut la jouer comme Poutine en lançant un bras de fer avec l’Occident » sauf qu’il « n’a pas les atouts ni la force de Poutine », a-t-il affirmé.
« Quand on est un chef d’Etat, quand on a le sens des responsabilités, on ne se lance pas dans des croisades pareilles. Ca ça s’appelle de l’irresponsabilité », a déclaré Abdou Semmar.
« Maintenant tous les Espagnols, mêmes ceux qui étaient amis avec l’Algérie ou ceux qui avaient une bonne opinion de l’Algérie vont se dire +mais ils sont fous+, +ils nous attaquent+, +ils veulent nous obliger contre notre gré à adopter la position qui les arrange!+ », a-t-il analysé.

Hespress

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