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20 avril 2024
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Selma Regragui : « Le Maroc est une terre d’investissement, il faut toutefois préparer le terrain pour le retour des MRE »

Interview de Selma Regragui, présidente fondatrice du Conseil national de l’insertion des compétences marocaines dans le monde.
Les Marocains du monde, estimés à quelque cinq millions d’individus, contribuent à l’économie nationale en termes de devises à près de 100 milliards de dirhams (MMDH), dont seulement 10 milliards consacrés à l’investissement, notamment 8 MMDH dans l’immobilier. Selma Regragui, présidente fondatrice du Conseil national de l’insertion des compétences marocaines dans le monde, expose les facteurs qui empêchent ces MDM d’investir plus au Maroc.
Le récent discours royal a mis la lumière sur le rôle crucial des Marocains du monde pour le développement économique de leur patrie. En tant que MRE, comment avez-vous accueilli ce discours?
Sa Majesté a toujours accordé une grande importance aux Marocains du monde et à leur intégration socio-économique au Maroc. Ainsi, grâce à sa vision pragmatique, ce dernier discours vient consolider et organiser ce qui a déjà commencé depuis plusieurs années par des initiatives et des actions dispersées par des MDM dans les différents pays. Aujourd’hui, il est temps qu’un établissement public fournisse à cette communauté l’encadrement nécessaire ainsi que des moyens et des conditions pour qu’elle donne le meilleur d’elle-même, dans l’intérêt bien compris de son pays et de son développement.
Une institution telle que le ministère chargé des MRE qui a disparu depuis plus d’un an?
Personnellement, ce ministre m’a toujours semblé non nécessaire, le ministère des Affaires étrangères, chapeauté par Nasser Bourita, gère par excellence les différents dossiers liés aux MDM et à la politique extérieure de notre Royaume. D’ailleurs, malgré la disparation du ministère chargé des MRE depuis un an, nous n’avons remarqué aucune différence. Le mieux serait de nous organiser en institution non gouvernementale, qui aura pour objectif de rassembler des bras forts et des têtes bien faites pour l’investissement au Maroc et leur doter de mécanismes permettant l’accompagnement et le soutien des porteurs de projets d’investissements.
Est-ce que votre réclamation d’une institution non gouvernementale est liée au fait que vous ne pouvez pas voter?
Décidément, comment un politicien que nous n’avons pas choisi pourrait-il être à la tête d’un ministère qui gère nos affaires? La nouvelle institution devrait être gérée avec une vision pragmatique et claire en concertation avec les MRE en premier lieu, à travers des organismes officiels, les représentations diplomatiques et le ministère des Affaires étrangères.
Peut-on parler d’investissement et de retour alors que les MRE n’arrivent pas toujours à voter?
L’intégration économique des MRE passe d’abord et avant tout par leur intégration sur la scène politique, leur donner de l’espace, leur donner le droit de choisir leurs propres représentants… On devrait avoir le droit de vote et de candidature depuis nos pays de résidence, comme le stipule la Constitution de 2011 dans son article 17, mais ça fait plus de 10 ans que nous attendons sans résultat concret.
Vous êtes à la tête du Conseil national de l’insertion des compétences marocaines dans le monde. Que faitesvous exactement?
J’ai créé le Conseil national de l’insertion des compétences marocaines dans le monde il y a près d’un an et demi afin d’amener des compétences marocaines, avec leurs expertises, à investir au Maroc. Durant cette année nous avons accompagné plus de 30 porteurs de projets allant de l’immobilier, la cuisine, les usines, à l’art. Nous travaillons également sur la formation, la recherche scientifique, l’organisation des évènements culturelles… D’ailleurs, aujourd’hui on a plus de 67.000 membres partout dans le monde.
Comment jugez vous les politiques d’incitation des MRE?
Le Maroc est une terre d’investissement, il y a beaucoup d’opportunités d’investissement. L’état essaie de mettre des canaux pour accompagner les MRE à travers le CCME, la CGEM… il faut surtout concrétiser leurs actions et préparer le terrain pour le retour de ces MRE.
Comment préparer le terrain?
La première des choses à faire et d’établir la confiance des MRE dans l’administration publique. On nous voit au Maroc souvent comme le dollar. La corruption surtout est le premier facteur qui décourage les opérateurs et les investisseurs. Il faut d’ailleurs renforcer le cadre juridique relatif à l’investissement.

Maroc Hebdo

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