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13 août 2025
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Santé : Le long chemin vers l’équité territoriale

La question des inégalités territoriales dans l’accès aux soins dans le Royaume demeure un enjeu majeur pour l’équité sociale et la qualité de vie des citoyens. Malgré des avancées notables ces dernières années, la fracture sanitaire entre les régions urbanisées et les zones rurales ou enclavées reste profonde, mettant en évidence la nécessité d’une politique de santé plus équilibrée et inclusive.
Malgré des progrès notables en infrastructures et en recrutement médical, les inégalités territoriales en matière de santé persistent au Maroc. Les zones urbaines concentrent l’essentiel des ressources, tandis que les régions rurales peinent à offrir des soins spécialisés et un accès équitable aux services de santé.
Selon les données du ministère de la Santé et de la Protection sociale, le Maroc disposait en 2024 de 166 hôpitaux publics offrant une capacité de 26 678 lits, auxquels s’ajoutent 11 hôpitaux psychiatriques dotés de 1 506 lits. Le secteur privé, en plein essor, compte 453 cliniques pour un total de 24 845 lits. Sur le plan des ressources humaines, le pays enregistre 32 665 médecins pour une population de 36,8 millions d’habitants, soit un ratio national moyen d’un médecin pour 1 156 habitants.
Cependant, cette moyenne masque de fortes disparités régionales. Les pôles économiques comme Casablanca-Settat, Rabat-Salé-Kénitra et Tanger-Tétouan-Al Hoceima concentrent la majeure partie des infrastructures et du personnel spécialisé. À Casablanca, la densité médicale est relativement favorable, mais dans des régions comme Souss-Massa, on ne compte parfois qu’un médecin pour plus de 5 000 habitants, illustrant l’ampleur du déséquilibre.
En termes d’infrastructures hospitalières spécialisées, six Centres Hospitaliers Universitaires (CHU) sont pleinement opérationnels à Rabat, Casablanca, Fès, Marrakech, Oujda et Tanger. Cinq autres CHU sont actuellement en construction dans des zones historiquement moins couvertes, Agadir, Laâyoune, Béni Mellal, Errachidia et Guelmim afin d’améliorer l’accès aux soins spécialisés sur tout le territoire.
Les provinces enclavées et rurales font face à des difficultés accrues pour accéder aux services de santé, qu’il s’agisse de consultations spécialisées ou d’hospitalisations. Le manque d’équipements modernes et l’insuffisance des plateaux techniques freinent la qualité et la rapidité des prises en charge. La pandémie de Covid-19 a accentué ces écarts, révélant l’extrême vulnérabilité des zones périphériques, souvent privées d’unités de réanimation ou de laboratoires performants.
Le réseau de soins primaires a toutefois connu un renforcement significatif : 2 183 établissements sont recensés en milieu rural en 2023, soit une hausse de 70 % par rapport à 2017. Cet essor a été soutenu par 1 825 projets et un investissement de 1,7 milliard de dirhams pour améliorer la couverture sanitaire dans ces zones.
Selon le ministère de la Santé et de la Protection sociale, le déficit national en lits hospitaliers avoisine encore les 45 000, un manque qui pèse lourdement sur la capacité du système à répondre aux besoins croissants d’une population en expansion et vieillissante.
Si le nombre total de médecins a progressé, passant d’environ 25 000 en 2023 à plus de 32 000 en 2024, la répartition géographique reste problématique. Les grandes villes attirent la majorité des spécialistes, laissant les zones rurales sous-dotées. Les difficultés de recrutement dans ces territoires tiennent à plusieurs facteurs : conditions de travail exigeantes, isolement géographique, manque de logements adaptés et perspectives de carrière limitées.
Dans le secteur public, le nombre total de professionnels de santé dépasse désormais 75 000, dont une majorité de femmes (69 %). Pour 2025, le ministère prévoit 6 500 nouveaux postes, dans le cadre d’une stratégie de formation et d’amélioration des conditions de travail, avec pour objectif de mieux répartir les compétences sur le territoire.
Le personnel paramédical, infirmiers, sage-femmes, techniciens, souffre également de cette concentration urbaine. Les structures de soins de proximité, pourtant essentielles pour un maillage sanitaire efficace, sont souvent en sous-effectif, ce qui fragilise la prise en charge des populations locales.

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